Aux États-Unis, l’aspect dérégulation et baisses d’impôts est totalement occulté par la question des barrières tarifaires. La guerre commerciale débridée lancée le 2 avril dernier – ajoutée à la forte incertitude entourant ces tarifs – représente un risque majeur pour la croissance américaine et, dans une moindre mesure, mondiale.
Du côté européen, le plan allemand de réarmement et de relance des infrastructures devrait permettre de soutenir la croissance potentielle européenne à moyen terme, mais il ne pourra compenser l’impact négatif de droits de douane imposés sur les produits européens, en particulier sur le secteur automobile.
Le moment que nous traversons restera teinté d’une incertitude significative qui ne manquera pas d’alimenter d’importantes turbulences sur les marchés d’actifs risqués Néanmoins, il nous semble essentiel de nuancer les réactions de marché, souvent excessives au regard de l’impact attendu sur la croissance américaine dont nous estimons qu’elle devrait se maintenir à un niveau égal ou supérieur à 1.1% en 2025.
Nous avions adopté une position neutre sur nos expositions actions dès le 19 février et avions maintenu cette position avant le 2 avril, car nous ne nous attendions pas à la sévérité et à la brutalité des mesures annoncées. Nous avons toutefois décidé le lundi 7 avril de renforcer nos expositions aux actions européennes (avec un biais France), compte tenu de la sévérité de la baisse observée alors (près de 15% par rapport au plus haut du 19 mars), du retour à des niveaux de valorisation attractifs et de l’impact jugé relativement modéré sur l’activité européenne.
Nous sommes conscients que la crise générée par le « Libération Day » est loin d’’être terminée, mais il nous semble que la première phase de cette crise correspond, comme souvent dans des situations analogues, à une phase d’excès comme en témoignaient les indicateurs de survente de la plupart des indices développés en début de semaine. Notre position est toutefois très tactique, et nous pourrions céder de nouveau cette position si des raisons d’inquiétude additionnelle venaient à se matérialiser ou si le rebond devait conduire à des exagérations à la hausse.
S’agissant de nos positions obligataires, nous avons été bien inspirés de ne pas nous précipiter sur la dette souveraine américaine pour amortir la volatilité des actions, compte tenu du mouvement haussier observé sur les taux longs américaine. Nous maintenons une position légèrement surpondérée en sensibilité, compte tenu de notre vision du cycle et de la politique monétaire en zone euro, même si nous conservons une certaine vigilance sur la partie longue de la courbe - à l’aune des besoins de financement liés au plan de réarmement et d’investissement en infrastructures allemand - ce qui signifie que nous privilégions les maturités courtes et moyennes. À noter que la reconstitution des primes de risque sur le crédit « investment grade » - passées d’un peu moins de 60 à 85 bps en moyenne - les ont ramenées à un niveau très satisfaisant, qui nous invitent à une position constructive sur cette classe d’actifs. |